Qu'est-ce qu'un auteur ?
Ah l’auteur.ice. Cet être étrange, reclu dans son bureau à boire du café, fumer des cigarettes et oublier le temps qui passe pour s’imprégner d’une seule chose : sont texte. Il ou elle aurait des cheveux gris, un look propre à lui/elle seul.e, ne s’intéresserait au monde qui l’entoure qu’au travers d’un voile poétique. D’ailleurs l’écrivain ne vit pas de sa plume, il se nourrit de sa passion. Un peu comme le romantique avec l’amour et l’eau fraîche, tu sais. Enfin, j’ai essayé, je te jure à la fin t’as quand même envie d’une bonne ration de frites avec sauces.
Et niveau impôt ? Il n’en a rien à faire ! L’écrivain est pauvre mais riche de son amour des mots et ça, ça n’a pas de prix.
STOOOOP. On sort des clichés un peu ? J’espère que tu ne crois pas ces légendes urbaines et si c’est le cas, on déconstruit ici !
La notion d’auteur, ce joyeux bazar.
Déjà, est-ce que tu sais ce que c’est qu’un auteur, du point de vue légal ? Genre, ce qu’en dit la loi ? Parce que je t’assure que le législateur n’a parlé ni de café, ni de cigarette quand il s’agit de définir l’écrivain. Et alors l’amour et l’eau fraîche, c’est pas trop dans son vocabulaire. Étonné ?
Et si je te disais qu’en plus, le législateur ne donne pas vraiment de définition de ce qu’est un auteur. Voilà, voilà… On n’est pas aidés !
Alors comment en cerner les contours ?
Avec la doctrine ! Tu sais, ces gens intelligents qui se questionnent sur des notions que toi et moi n’aurions même pas envisagées… Eux ont donné des éléments qui permettent de définir ce qu’est un auteur. Ils en posent des contours !
T’es prêt.e à définir ce qu’est un auteur ? C’est parti…
En ce qui nous concerne, l’auteur est une personne physique (il existe aussi l’auteur personne morale, mais ici nous n’en parlerons pas). Donc un individu comme toi et moi, fait de chair et d’os, peut être un auteur.
En fait, l’auteur est celui qui crée l’œuvre. Il en est propriétaire du seul fait de la création. Ce qui suppose aussi qu’elle soit effective.
En gros, tu crées = t’es auteur. C’est plutôt efficace, non ?
Mais créer, c’est quoi en fait ?
C’est ici que tout se joue. Il faut une création effective. Est-ce que quelqu’un peut te « piquer » une idée ? Oui. Si tu n’as pas « créé » à proprement parlé, les idées n’obéissent pas à une notion de propriété quand il s’agit de droit d’auteur.
Imagine, tu as l’idée géniale de créer des livres pour enfants où une équipe de chiots viendrait en aide aux habitants d’un petit village. Chase, Rocky, Zuma, Stella, ils vont arriver… Pat Patrouille, Pat Patrouille, dès qu’il y a une embrouille (est-ce qu’on sent que je suis maman, ouep).
L’idée t’habite depuis des années mais reste dans ta tête ou ton tiroir. Un jour, tu passes en librairie et sur qui tu tombes ? La pat patrouille au complet, chef ! (les darons ont la réf) mais le nom de l’auteur n’est pas le tien. Oups. Difficile de te défendre et de revendiquer la propriété d’une idée. D’ailleurs, la protection de ton œuvre évite tout un tas d’incidents a posteriori. Une œuvre protégée te permet ainsi de ne pas avoir à batailler pour prouver ta paternité/maternité sur cette œuvre. Est-ce que je te le conseille ? OUI. Je crois qu’on n’est jamais trop prudent.
Afin que tu cernes un peu mieux cette notion, je t’invite à lire cet article du code de la propriété intellectuelle. Il est simple, je trouve, et surtout tu as la VRAIE référence légale.
Donc auteur, c’est un vrai métier ?
Euh… Oui, auteur est un métier. Tu cotises auprès de l’URSSAF, paie des impôts (coucou les maxi cotisations), bénéficie de droits comme un salarié (CPAM, retraite…). Je t’assure que la vie d’auteur est loin du cliché que j’évoquais ci-dessus. De plus en plus, l’auteur devient un entrepreneur au sens large du terme. Le métier revêt de multiples casquettes et demande un panel de compétences hyper large : bonnes notions de français, fiscalité, droit, parcours éditorial, partenariats, activités accessoires et j’en passe.
Comment savoir si nous sommes auteurs nous-même ? Et puis, il y a une frontière entre loisir et métier ?
C’est un peu le souci avec les « métiers passion »… Comment délimiter ce qui revêt un caractère professionnel de ce qui reste de l’ordre du hobby ? En fait, à partir du moment que tu commercialises un ouvrage, tu es redevable des cotisations propres à l’URSSAF. Évidemment, si tu gagnes 10 euros, on ne devrait pas te faire un procès si tu « oublies » de déclarer… pour autant, tu ne serais pas dans les clous d’un point de vue juridique et fiscal.
À mon sens, si tu cotises, tu te comportes comme un professionnel !
Tu vois, auteur.ice reste une notion juridique assez vague et extrêmement liée à la notion de création effective d’une œuvre, et est en même temps un métier multiple et complexe. Qui dit métier, dit connaissances de cette réalité professionnelle ! C’est pour cela que j’encourage toujours les auteurs qui débutent à se former pour ne pas: se faire avoir, faire des erreurs qui pourraient avoir des conséquences financières et alourdir la charge mentale déjà bien présente.