Hiérarchie des genres littéraires
Range les banderoles, pas de quoi mettre le feu à mon blog, nous ne sommes pas sur un sujet polémique… quoi que !
Genre, registre, c'est quoi ça encore ?
Quand tu te rends en librairie, tu as peut-être remarqué que les romans sont classés selon leurs genres littéraires (nouvelle, roman, poésie, théâtre…) ou registres (comique, tragique…). Parmi les genres littéraires, dont le roman, tu as différents « sous-genres » : un roman peut ainsi être une romance, un thriller, un historique, de la littérature blanche… et faire appel à différents registres. Tu me suis ?
Donc les auteurs.ices ne sont pas tous les mêmes selon les genres littéraires ?
Bien, maintenant qu’on a dit ça : peut-on hiérarchiser les genres ? Un auteur de littérature blanche est-il plus « lisable » qu’un auteur jeunesse ou de romance ? Doit-on cacher la couverture de notre dernier YA parce qu’on a 40 ans ? En théorie, la réponse est nette et franche : non. En pratique, la question est malheureusement épineuse.
Tu le sais sûrement (sinon, file par ici), je suis autrice de romans YA et de contemporains qu’on classe en pop littérature ou feelgood et je suis souvent considérée comme figurant dans la catégorie des auteurs de second rang. Tu comprends, le feel good et les trucs pour les gosses, ce n’est pas « vraiment » de la littérature. Oupsi. Au mieux, un roman de plage qu’on achète parce qu’on ne sait pas quoi lire d’autre et qu’on veut éviter une prise de tête. Déjà entendu ? Oui. Vexée ? Non, parce que j’ai la certitude d’écrire des textes qui font du bien, rien que pour ça, je me suis autodécernée une médaille !
Pour les copines autrices de romances, c’est un peu le même combat : tu écris oui, mais bon « ça va, c’est facile et c’est niais de toute façon ». SPOIL : non, ça ne l’est pas. Créer une histoire, un arc narratif cohérent, des personnages qui tiennent la route, c’est un métier. Publier son texte afin qu’il soit lu en est un également. On n’est pas dans le cas de ta cousine qui écrit dans son journal intime qui ne sortira jamais du tiroir de sa chambre. Nous créons des histoires pour faire voyager ceux qui les lisent.
J’ai souvent entendu ces auteurs.rices dire aussi qu’elles reçoivent des messages très douteux, allant même jusqu’à des photos très (trop) osées, sans aucune demande ou consentement préalable de leur part (après tout, si ça en intéresse certaines, pourquoi pas ! Mais je n’ai jamais eu d’échos de ce genre). Ces autreurs.ices sont souvent réduit.e.s à quelques scènes de leurs romans : « à donc si tu écris ça c’est que tu… » et je vous laisse compléter par les phrases déplacées de votre choix. Hiérarchiser les genres littéraires de nos textes, c’est aussi hiérarchiser les personnes derrière qui travaillent dessus et donc se permettre avec certain.e.s ce qui ne serait pas permis avec d’autres.
Un métier, des auteurs.ices.
Quel que soit le genre littéraire, le travail de l’auteur.ice derrière est considérable. Est-ce que je fais des recherches monumentales avant d’écrire un contemporain, comme le ferait un auteur d’historique ? Non. Est-ce que je passe des heures à relire, corriger, reprendre, travailler encore et encore ? Oui. Chaque genre a ses codes, ses complexités, le travail peut être différent selon la nature du roman que l’on écrit. Pour autant, le métier derrière reste le même.
Je lis des critiques sur les auteurs qui vendent beaucoup en YA ou en contemporain, mais il faut comprendre que ces auteurs « rentables » permettent de faire vivre tous les styles, dont ceux qui se vendent moins et sont pourtant nécessaires à la diversité de l’offre culturelle.
Si on parait du principe que la littérature a ça d’universel qu’elle propose une offre riche, pour tous les goûts ? Qu’elle permet à chacun de s’évader du quotidien, de s’enrichir, d’apprendre, de voyager ?